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La métaphysique du terrier
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La métaphysique du terrier
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22 décembre 2009

Intimes naissances part 2

Voilà l’histoire de ta naissance mon Antoine…

Après neuf mois d’attente durant laquelle beaucoup d’angoisses me guettaient chaque jour et parfois m’assaillaient, le 22 Décembre 2007 , tu t’es décidé, après des semaines de préparation, à pointer le bout de ton nez. Notre rencontre fut intense, magique, inoubliable….

Ton père et moi avons décidé de te donner naissance dans le confort et la sécurité de notre foyer accompagnés de notre sage-femme Amandine. Nous voulions t’accueillir doucement, sans le stress que le milieu hospitalier créait chez moi: la maison semblait être l’endroit le plus adapté à mes attentes de sécurité et de douceur. La suite nous montrera que j’avais raison.

Le 21 Décembre , nous avons cru que tu étais enfin décidé à arriver. Amandine arrive, je lui explique la situation : contractions tous les ¼ d’heure. Le travail semble lancé…3 heures s’écoulent et rien ne s’intensifie. Amandine me propose d’évaluer si le travail a avancé, le verdict tombe : ce ne sera pas pour ce soir. Je n’en peux plus moralement. Je suis fatiguée, j’ai mal depuis pas mal de jours maintenant et la rencontre est encore différée.
Nous allons nous coucher , j’ai accepté un médicament censé calmer les fausses contractions…Je m’endors et passe une nuit de rêve !

Au matin, Mat est soulagé de me voir si reposée. Ce 22 décembre commence merveilleusement bien : je suis enfin reposée et je peux rester au lit. Marceau n’est pas à la maison, il dort chez son copain Tao. La matinée s’écoule délicieusement : je flâne, je danse, je ris, je fais du yoga…bref je prends soin de moi.
Je prends le temps d’aller chercher ton frère, nous déjeunons tranquillement , je n’ai plus mal , je souris…Le temps de la sieste familiale arrive, je me replonge avec bonheur dans un sommeil récupérateur (enfin !).
15h45 je suis réveillée par une contraction, bien différente de celles ressenties jusque là et là je sais que tu arrives mais je ne me stresse pas. Je suis bien  et j’attends de voir si d’autres contractions arrivent de manière régulière. Ce sera le cas : tous les ¼ d’heure pour commencer et très vite toutes les 10 minutes. 
Il est 16h30 quand j’appelle Amandine. Je lui propose de venir vers 18 h, je voulais avoir le temps de donner le goûter à Marceau, d’appeler ton père, de préparer les affaires de ton frère et de prendre un bain. Ce que j’ai réussi à faire au rythme de contractions de plus en plus douloureuses et rapprochées. 
A peine la communication avec Amandine terminée, ta mamie rentre pour me donner un dernier coup de main. Elle sera près de moi jusqu’à l’arrivée d’Amandine. Entre temps (17h), ton papa est arrivé, et se dépêche de conduire Marceau …Tout le monde sent que tout s’accélère.
Il est 18h quand ton père revient , Amandine est là depuis 10 minutes. Je suis dans le bain. Je souffle, je jure un peu, je te parle « Viens mon bébé, nous allons enfin nous rencontrer, je suis prête à te laisser naître, viens mon bébé ». Ces phrases reviennent au rythme des contractions de plus en plus proches et de plus en plus intenses .
Quand je sors du bain (18h10), je me sens dans un autre monde, celui où seul le corps parle, où l’esprit n’est que le vassal de la force de la naissance. Je souffle, crie, extériorise cette douleur qui m’assaille sans me laisser beaucoup de répit. 
J’arrive dans le salon et je vois ce que ma maman a préparé pour ta naissance le matelas par terre apprêté .Les bougies sont allumées, j’entends une musique douce. Je me sens en sécurité. Mathieu est là , Amandine aussi…et toi tu es tout proche, embarqué dans la même tempête que moi. J’accepte , je me résigne, je souffle.
Mais très vite je perds pied, je continue à souffler , je bascule mon bassin , j’écarte les jambes en m’accroupissant, je te laisse faire ton chemin vers nous. J’ai mal. Je continue ce mouvement de va et vient , d’avant en arrière à quatre pattes, je me mets debout et bascule le bassin, j’ondule au fil de la contraction. Alternativement (je le sais car l’un a les mains chaudes et l’autre a les mains fraîches !), Mathieu et Amandine me massent le bas du dos, le haut des fesses. Ce contact me donne du courage et leur présence du soutien.
Mais d’un seul coup, la peur me saisit, je ne veux plus , je n’accepte plus de m’ouvrir , ma respiration se bloque. Je verbalise mon angoisse. Amandine me dit que ce n’est plus possible de reculer. J’ai très peur et à ce moment je regrette la situation. Je me sens incapable de continuer. Je m’aperçois que ma peur bloque un peu le processus. Alors aidée des mots réconfortants de Mathieu  »Souffle mon lapin, allez ne bloque pas ta respiration, c’est bien comme ça, continue. », je capitule et laisse mon corps finir sa tâche.
Je bouge encore pas mal à ce moment là, je passe du 4 pattes, à la station verticale, pour me rallonger. Il faut imaginer une danse assez rythmée. Je monte, je descends, je me décontracte allongée pour remonter à 4 pattes au moment de la contraction, puis debout , pour finir allongée et ainsi de suite.
Quand d’un coup, je ressens le besoin d’être allongée sur le dos, les jambes écartées et relevées vers moi .J’ai une jambe surélevée sur le canapé et l’autre sur l’épaule d’Amandine qui doucement me bercera entre deux contractions.
A ce moment là, je demande à ton père de tirer sur mes bras vers l’arrière pendant la contraction, pour lâcher prise une fois le calme retrouvé. Il m’aidera comme ça pendant 5/6 contractions. Je commence à bien ressentir l’envie de pousser et je pousse naturellement. C’est quasiment agréable d’accompagner la contraction en poussant. Et d’un seul coup , je dis à Mat de s’asseoir derrière moi, et je me place entre ses jambes adossée contre lui…Une contraction d’une force impressionnante et une envie de pousser irrépressible arrivent…..Et là : je sais que tu es dans mon vagin, le dernier couloir avant la rencontre. Amandine le savait ,elle était partie se laver les mains, se munir de ses gants. Toute fière, je lui dis que quelque chose se passe (je ne sais plus ce que je lui dis mais elle me répond qu’elle savait elle aussi ….)
Tu chemines et je t’aide en poussant à chaque contraction, mais sans vraiment maîtriser quoi que ce soit, je me sens plutôt spectatrice d’une scène où seul mon corps mène le jeu…très déroutant comme situation quand on y pense après coup.
Dans un puissant élan, tu as fait ton arrivée, la poche des eaux éclate sous la pression de ta tête sur ma vulve. Pour me donner du courage , je caresse ta tête. J’attrape le cou de ton père et le regarde droit dans les yeux ,j’ai besoin de soutenir son regard… Ce regard, je ne l’oublierai jamais : un bonheur infini, un soutien inconditionnel, un soupçon d’impatience et énormément d’amour. Et yeux dans les yeux , j’ai fourni les derniers efforts pour te donner naissance. Quelles sensations que de te sentir quitter mon corps…Je sens ta tête sortir, puis je repousse un peu tes épaules arrivent….doucement je pousse encore et là comme par magie le reste de ton corps glisse hors de moi , je te saisis sous les bras il est 19h37 et….le bonheur de la rencontre commence, peau contre peau, je plonge dans ton regard, j’écoute tes plaintes , je me roule dans la rondeur de tes joues…Mon fils que tu es beau ! Ton père pleure de joie et moi je ris, un rire de soulagement, un rire de bonheur !!!
L’expulsion du placenta se fera sur la baignoire Shantala, tu es en peau à peau avec ton papa et moi je vais avoir un peu de mal à sortir ce qui a été pour toi ton enveloppe protectrice et nourricière mais j’y arrive enfin après quelques poussées.. Amandine nous le montrera et ce sera très instructif. Il est entier (là je souffle de soulagement !). Vient enfin le moment du contrôle de mon périnée, une petite déchirure de rien qui nécessitera quelques points. La boucle est bouclée, tu es là , ces dernières petites misères ne sont rien à côté de tout le bonheur qui m’inonde quand je plonge dans ton regard si éveillé. Nous faisons tous connaissance. C’est magique, intense.

J’ai réussi à te donner naissance tel que je le rêvais .Antoine , tu as été merveilleux tout au long de cet accouchement, tu as subi tout comme moi ce flot incessant de contractions, sans jamais montrer de signes de détresse. Tu as été très courageux. Ton père et moi avons formé la personne qui t’a donné naissance , il a été la tête qui guide ce corps que j’étais …ce corps mu par une force incontrôlable. Amandine a veillé sur nous , nous a aidés avec beaucoup de discrétion et de respect .Nous n’aurions pas rêvé d’un meilleur accompagnement.

Voilà au moment où j’écris ce récit , tu es à côté de moi dans ton couffin. Tu as une semaine tout juste puisqu’il est 19h37…Ta venue a été si naturelle et belle. Ta présence nous comble d’un bonheur immense. Tout est facile avec toi, enfin tout nous semble facile. Ton frère commence à te faire de la place. Il dit « fwere »,te donne tes doudous…La vie est merveilleusement belle à vos côtés mes amours.

2 ans après je ressens encore certaines sensations, j’ai les larmes aux yeux…Quelle journée !Quel souvenir merveilleux !

Voilà dans le premier récit, à la clinique, la sage femme tente de calmer mes mouvements alors que, cela je l’ai compris lors du 2ème accouchement, j’ai besoin de ces mouvements incessants pour donner la vie.

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Commentaires
M
c'est magnifique!!! je suis toute émue en découvrant ces récits!!<br /> <br /> juste une interrogations : qui avait les mains fraiches et qui les mains chaudes?? lol je bug sur ce détail!!
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